Pourquoi la taxe rose fait tout sauf faire voir la vie en rose aux femmes 🥲

Pourquoi la taxe rose fait tout sauf faire voir la vie en rose aux femmes 🥲

Vous avez peut-être déjà remarqué, en magasin ou en ligne, que certains produits coûtent plus cher lorsqu’ils étaient destinés aux femmes.

Vous avez peut-être déjà remarqué, en magasin ou en ligne, que certains produits coûtent plus cher lorsqu’ils sont destinés aux femmes.

L’un des exemples les plus connus est la déclinaison en rose. Ce simple changement de couleur suffit généralement pour justifier un prix plus élevé par rapport à des produits similaires. Souvent proposés en bleu ou dans une autre couleur davantage destinée aux hommes ou aux garçons.

C’est bien ce phénomène que l’on appelle la “taxe rose”.

Mais pourquoi ces différences de prix existent-elles et comment les expliquer ?

Comprendre la taxe rose (origine et contexte)

Le concept de la taxe rose est apparu au grand jour dans les années 2010. Plusieurs études et rapports ont révélé ces disparités de prix. Alimentant sur le fond, un débat sur l’égalité de genre et la consommation.

Historiquement, cette notion trouve ses racines dans des pratiques commerciales où le marketing ciblé joue un rôle central.

L’une des principales raisons de cette disparité de prix est le marketing genré.

C’est une stratégie commerciale qui segmente les produits en fonction du genre.

Cette segmentation du marché se traduit souvent par la création de produits similaires, mais différenciés par des éléments comme la couleur, le packaging, ou les caractéristiques perçues comme adaptées à chaque genre

Ce qui est assez ironique est que, dès leur enfance, les petites filles sont encouragées à préférer le rose, une couleur largement associée à la féminité.

Pourtant, en grandissant, elles se retrouvent pénalisées pour ce choix.

Exemples de produits concernés par la taxe rose avec le Nurofen vs le NurofenFem

Le NurofenFem, destiné à soulager les douleurs menstruelles, est un des nombreux exemples de la taxe rose.

Bien qu’il contienne exactement le même ingrédient actif que le Nurofen classique, à savoir 342 milligrammes de lysine d’ibuprofène, il est souvent vendu plus cher (en moyenne 20%).

Cette différence de prix s’explique uniquement par le packaging rose et le marketing ciblé spécifiquement pour les femmes et les minorités de genre.

D’ailleurs, la marque a été condamnée en Australie pour tromperie en 2015.

L’impact de la taxe rose

Alors que les femmes gagnent déjà en moyenne moins que les hommes en raison de l’écart salarial, elles sont confrontées à une double peine : non seulement elles perçoivent un revenu inférieur, mais elles doivent aussi payer plus cher pour des produits essentiels.

Ce surcoût, imposé par la taxe rose, s’ajoute à d’autres formes de discrimination économique, accentuant les inégalités financières.

Le marketing ultragenré, dont l’utilité est parfois discutable (faut-il vraiment un dentifrice spécifique selon le genre ?), ne fait qu’exacerber ces inégalités en capitalisant sur des normes sociales et des attentes culturelles profondément enracinées.

Les femmes et les minorités de genre sont déjà sous pression pour investir davantage dans leur apparence.

Souvent pour correspondre aux standards imposés par la société patriarcale ou simplement pour être acceptées dans des contextes sociaux et professionnels.

Cette pression sociale, soigneusement entretenue par des campagnes de marketing, pousse les femmes à acheter des produits plus coûteux.

Même lorsque ceux-ci ne sont pas véritablement nécessaires ou que des alternatives moins chères existent.

En 2010, la journaliste Maia Mazaurette a entrepris pour le magazine Madmoizelle de calculer le «coût de la féminité» en France.

C’est-à-dire les dépenses spécifiques liées aux attentes sociétales pour «être femme».

En additionnant les frais liés à l’épilation, la contraception, les sous-vêtements ou le le maquillage par exemple.

Elle a estimé que les femmes dépensent en moyenne 65 euros de plus par mois que les hommes, soit environ 770 euros par an.

D’ailleurs, on peut aussi rappeler que les tampons et les serviettes hygiéniques ne sont toujours pas considérés comme des « biens de première nécessité » dans de nombreux pays.

Ce qui les soumet à des taxes plus élevées, parfois comparables à celles appliquées sur les produits de luxe.

Cette situation est profondément injuste, car ces produits sont essentiels pour les personnes menstruées et leur accès ne devrait pas être conditionné par des coûts supplémentaires.

Ce phénomène, souvent appelé la « taxe tampon », est étroitement lié à la taxe rose.

Il souligne une fois de plus comment les structures de prix et les politiques fiscales peuvent perpétuer les discriminations basées sur le genre.

Étude de cas de la taxe rose : Le rapport de la DGCCRF de 2015

En 2015, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a publié un rapport qui a mis en lumière ces différences de prix.

L’étude a révélé que, dans de nombreux cas, les produits destinés aux femmes sont plus chers que leurs équivalents masculins, sans justification apparente.

Le rapport souligne que cette pratique est courante dans plusieurs secteurs, notamment les produits d’hygiène, les vêtements et même les jouets.

Quelques données clés du rapport :

  • Produits d’hygiène : Les différences de prix peuvent aller jusqu’à 30% pour des produits de base comme le gel douche ou le shampoing (mais allo quoi).
  • Vêtements : Une disparité de prix a été observée. En particulier pour les vêtements de marque.
  • Jouets : Les jouets commercialisés pour les filles sont souvent plus chers que ceux destinés aux garçons, même lorsqu’il s’agit de produits similaires.

Et qu’en disent les entreprises concernées par la taxe rose ?

En 2014, une étude de consommateurs a révélé que Monoprix pratiquait des prix plus élevés pour certains produits destinés aux femmes par rapport à leurs équivalents masculins.

En réponse, l’enseigne a justifié ces écarts en affirmant que certains produits pour femmes nécessitent des coûts de production plus élevés, notamment en raison de matériaux ou de procédés spécifiques.

Par exemple, les vêtements pour femmes pourraient inclure des détails ou des finitions plus complexes, justifiant ainsi un prix plus élevé.

Monoprix a également expliqué que « les références pour les hommes présentent des volumes de vente largement supérieurs aux modèles pour femmes, permettant ainsi un prix d’achat inférieur ».

L’enseigne a aussi mentionné que le marketing ciblé, qui présente souvent les produits pour femmes de manière plus attrayante.

Comme un packaging plus élaboré, peut engendrer des coûts supplémentaires.

Ces justifications reposent sur l’idée que les consommatrices pourraient être prêtes à payer plus pour des produits perçus comme étant de meilleure qualité ou mieux adaptés à leurs besoins spécifiques…

Ce qui est en réalité loin d’être une généralité 🥲 !