Passeport Bros : Ils sont à la recherche d’épouses pour leur retraite

Passeport Bros : Ils sont à la recherche d’épouses pour leur retraite

Contrairement à ce que le terme “passeports bros” pourrait laisser penser, ces voyageurs ne cherchent pas simplement à découvrir de nouveaux horizons. Derrière cette image d’hommes libres parcourant le monde, se cache une réalité bien plus dérangeante : des dynamiques d’exploitation et d’inégalités sous couvert de tourisme.

Ils ne viennent pas pour s’immerger dans une culture ou tisser des liens authentiques, mais pour reproduire des schémas de domination, souvent dans des pays où leur statut d’occidentaux leur confère un pouvoir implicite.

Ce phénomène, sous des airs d’aventure et d’exotisme, ressemble à un colonialisme moderne, où l’illusion de la découverte cache en fait une quête de pouvoir et de contrôle sur des populations vulnérables.

Il est temps de déconstruire cette façade et de s’interroger sur les véritables enjeux derrière ces récits glamourisés de liberté.

Quand l’exotisme cache une exploitation bien rodée

Des hommes blancs, majoritairement occidentaux, partagent en ligne leurs “tips” pour rencontrer la femme idéale dans des pays comme la Thaïlande, les Philippines ou le Cambodge.
Sur le papier, c’est presque une histoire de rêve : un cadre paradisiaque, une nouvelle vie loin des tracas du quotidien… Mais ce cadre idyllique masque des rapports de force bien réels.

Ces hommes, bien souvent des retraités, ne se contentent pas de passer un séjour exotique. Ils s’installent, prennent leurs marques, et s’assurent d’une relation qui, sans le dire explicitement, repose sur une inégalité flagrante : celle de leur pouvoir économique.

Et ce n’est pas un hasard. Cette mise en scène du “paradis amoureux” s’inscrit dans un imaginaire masculiniste bien rôdé, largement relayé sur les réseaux sociaux. Ces hommes revendiquent une virilité “libérée” des contraintes des femmes occidentales, qu’ils accusent d’être trop exigeantes, trop indépendantes, trop émancipées. Alors, ils vont là où “les femmes savent encore rester à leur place”.

Sous couvert d’exotisme, on étale l’huile de massage d’un pouvoir masculin bien huilé.

Des dynamiques de pouvoir cachées sous le vernis de l’amour

Ces hommes ne sont pas juste des touristes en quête d’aventures passagères. Ils créent des relations à long terme, souvent avec des femmes locales bien plus jeunes, dépendantes financièrement de ce compagnon “bienfaiteur”. Ces femmes, elles, ne sont pas toujours là par choix, mais par nécessité. Une retraite confortable pour lui devient, pour elles, un compromis sur fond d’inégalité économique.

La “retraite sexuelle” va donc bien plus loin que le simple tourisme sexuel. Elle s’inscrit dans une exploitation continue et presque normalisée des inégalités économiques et sociales. Ces hommes s’installent, investissent dans une vie où leur statut occidental leur donne un pouvoir incontesté. On parle ici d’un colonialisme moderne, celui des rapports humains.

« Passeport bros » : un fantasme colonial moderne

Les passeport bros sont des hommes qui voyagent avec l’idée que leur statut occidental leur ouvre des portes. En clair : ils profitent de leur pouvoir d’achat pour accéder à ce qu’ils n’auraient jamais dans leur propre pays.

Le problème ? Cette situation est non seulement exploitative, mais elle renforce un imaginaire où les femmes locales, surtout non-blanches, sont vues comme des objets de désir, hypersexualisées et réduites à leur capacité à satisfaire les besoins d’hommes en quête de plaisir.

Des inégalités profondes, ancrées dans l’histoire

Si l’on regarde au-delà de la surface, cette exploitation moderne n’est rien de nouveau. Elle repose sur des dynamiques de pouvoir que l’on connaît depuis des siècles. Les pays prisés pour ces “retraites sexuelles” ont, pour la plupart, subi la colonisation. Le lien est donc évident : ces hommes reproduisent des rapports de force ancrés dans l’histoire coloniale.

Quand un homme occidental s’installe en Thaïlande ou aux Philippines avec une pension confortable, il se place immédiatement en position de domination. Ses choix sont simples : il profite de son statut économique pour s’offrir une vie luxueuse, avec à ses côtés une femme dépendante de lui. Ce n’est pas une histoire d’amour : c’est une relation asymétrique, où le pouvoir se joue non pas par la force, mais par l’argent.

La normalisation de l’exploitation dans le discours « Passeport bros »

Le plus pernicieux dans cette dynamique, c’est que tout est enrobé d’un vernis de romantisme. Ces hommes se voient comme des bienfaiteurs, persuadés qu’ils offrent une meilleure vie à leurs compagnes locales. Le discours est rodé : “Je l’aide, elle a une vie meilleure grâce à moi.” Cette mentalité coloniale se réinvente dans une version moderne, où l’exploitation est maquillée sous la bienveillance. Mais est-ce réellement de l’aide ou une forme d’exploitation voilée ?

Points essentiels à retenir :

  • Derrière le glamour, des relations déséquilibrées : ces relations s’appuient sur une différence économique majeure, où l’un profite des inégalités pour maintenir une position de pouvoir.
  • Le discours de sauveur : souvent, ces hommes se voient comme des “sauveurs” plutôt que comme des exploiteurs. C’est une dynamique coloniale modernisée, où l’on maquille l’exploitation sous le prétexte du romantisme ou de la bienfaisance.
  • Une forme de colonialisme moderne : cette exploitation très souvent sexuelle des relations ne se fait plus par la force ou la guerre, mais par l’argent et la dépendance économique.

Patriarcat, impérialisme et exploitation émotionnelle des « Passeport bros »

L’aspect encore plus dérangeant de cette retraite exotique, c’est qu’elle s’inscrit dans une dynamique plus large, celle du patriarcat et de l’impérialisme. Ces hommes, souvent issus de pays qui ont déjà dominé les autres par le passé, continuent à exploiter ces mêmes nations – non plus pour leurs ressources naturelles, mais pour ce qu’ils estiment être leurs “ressources humaines”.

Ces femmes locales deviennent les victimes silencieuses d’une exploitation sentimentale et émotionnelle. On ne parle plus ici de colonialisme classique, mais d’un colonialisme moderne où les relations humaines deviennent le terrain d’exploitation.

L’héritage colonial persistant des « Passeport bros »

Il est essentiel de remettre cette exploitation dans son contexte historique. Ces pays, souvent anciens territoires colonisés, ont été marqués par des décennies de domination occidentale. Aujourd’hui, ce colonialisme se fait de manière plus subtile, mais il est tout aussi présent. On pourrait presque parler de néo-colonialisme émotionnel, où l’exploitation des ressources humaines devient la nouvelle norme.

Les hommes occidentaux profitent encore des avantages que leur confèrent les inégalités mondiales. Ils ne pillent plus les ressources matérielles, mais exploitent les inégalités sociales et économiques à travers des relations humaines déséquilibrées.

Et maintenant ? Comment repenser ces dynamiques

Ces questions doivent être posées frontalement : pourquoi ces relations sont-elles considérées comme normales ou même enviables ? Pourquoi accepte-t-on cette exploitation silencieuse des femmes locales ? Repenser la manière dont ces dynamiques sont présentées est crucial. Ce n’est pas juste une histoire d’amour exotique, c’est une forme d’exploitation moderne qui s’appuie sur des siècles de domination.

Au final, le discours doit changer. Ces relations ne sont pas de simples histoires d’amour. Elles sont le reflet d’un système inégal où l’immigration, la colonisation et les rapports de force continuent à jouer un rôle fondamental.

Comment ne pas être un « Passeport bros » ? En remettant en question ses privilèges !

Il est temps de reconnaître que cette façade romantique est en réalité un moyen de perpétuer les inégalités mondiales. Derrière ces récits de “vie parfaite”, se cache une exploitation systémique des inégalités sociales, raciales et économiques. Ce n’est pas une anecdote : c’est un problème bien ancré dans nos sociétés.