Backlash de Penelope Skinner : Quand le théâtre expose les dangers du masculinisme
Comment dénoncer la montée du masculinisme par l’art ? C’est la question que s’est posée Marion avant d’assister à la représentation de Backlash de Penelope Skinner au Théâtre de Belleville. Avec un humour cinglant et une mise en scène percutante, la pièce cherche à décortiquer les rouages de l’embrigadement masculiniste.
Alors, mission accomplie ou nous donne-t-elle envie de s’abonner à la chaîne d’Alex Hitchens ?
BACKLASH OU L’EXPLORATION DES PÉRILS D’UNE IDÉOLOGIE
Dans cette pièce, le personnage de Dany incarne le quotidien de nombreux hommes. En effet, c’est un homme d’âge moyen, blanc, apparemment sans histoire. Un monsieur tout le monde joué par Phillipe Bodet.
Mais lorsqu’il traverse une période de crise, se sentant perdu et désorienté, le podcast d’Angry Allan sur les mouvement de défense des droits des hommes lui offre une lueur d’espoir inattendue.
Le masculinisme devient alors une bouée de sauvetage potentielle pour lui. Un nouveau sens à sa vie maussade.
L’intrigue est lancée : Et si Danny pouvait être tout le monde ?
LE MASCULINISTE UNE IDÉOLOGIE PRÉSENTE EN FRANCE ?
La pièce se déroule au pays où les théories du complots fusent autant que le tir à la carabine… J’ai nommée les États-Unis.
Par cet éloignement géographique, en tant que public français, on pourrait se dire que les discours masculinistes que prêche Dany dans la pièce, sont puérils pour nous.
Cependant, le rapport de 2023 du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes nous le rappelle bien : Les théories masculinistes sont aujourd’hui, très répandues sur nos réseaux sociaux en France.
Ces dernières années, de nombreux militants masculinistes ont banalisé une approche de plus en plus intrusive et objectifiante.
Ils s’engagent dans une évaluation des femmes basée sur des critères tels que l’âge ou le poids, les classant ainsi sur ce qu’ils définissent comme le “marché de la séduction”.
Ces pratiques, souvent appuyées par un langage pompeux et prétentieux, réduisent les femmes à de simples objets à acquérir ou à manipuler.
Le tout bien sûr, selon des normes arbitraires de beauté et de désirabilité qui reflète une vision rétrograde et sexiste des relations entre les sexes.
Entretien avec Guillaume Doucet, metteur en scène
Comment la pièce explore t’elle les questions de masculinité toxique ?
Toute la pièce est construite dessus. Ce qui est intéressant dans cette pièce, c’est que Pénélope Skimmer, prend un personnage lambda : Dany.
Cela montre que lorsqu’on a des failles, on peut vite se faire engrener par les discours masculinistes, facilement trouvables sur Internet.
Comment les répliques de Dany ont-elles été conçues ?
À travers les répliques de Dany, Penelope Skimmer partage son point de vue. On sent l’humour de l’autrice. C’est cela qu’on aime dans cette pièce.
On ne voulait pas que cette pièce soit vue comme une œuvre pro-masculiniste, mais pas non plus que le personnage de Dany soit vu comme un imbécile.
Le but est de montrer à quel point le masculinisme est dangereux et qu’il peut toucher tout le monde.
Comment est né l’influenceur masculiniste fictif « Angry Allan » pour la pièce ?
Tout le contenu des vidéos provient de choses réelles.
On a pioché dans plusieurs podcasters masculinistes américains et français comme Julien Rochedy. On a tout monté ensemble pour en faire les vidéos présentes dans la pièce avec Angry Allan.
Pour vous, comment cette pièce mêle les questions de genre et pousse à la réflexion ?
Avec le parcours du fils de Dany, la pièce montre l’évolution de la société. En effet, on parle plus facilement de différents types d’identité par exemple, ce qui est réjouissant.
Néanmoins, à côté de ça, il y a une partie de la société qui se crispe comme en témoigne la montée de l’extrême-droite ou le masculinisme. Il y a un double mouvement dans la société. Dany et son fils racontent bien cela.
Comment le théâtre peut-il mettre en avant l’égalité des genres ?
Dans notre travail, on le fait par la fiction. Nous essayons de faire comprendre et faire ressentir ce qu’il se passe dans la société par l’empathie. Par la fiction, on change nos représentations.
Pour vous, le masculinisme grimpe en France ?
Oui, cela arrive à toute vitesse ! Quand on voit Emmanuel Macron dire en primetime qu’il faut vérifier les images de FranceTV sur Gérard Depardieu alors que ce sont des propos tenus par les masculinistes…
C’est un truc de dingue !
Et les youtubeurs masculinistes sont de plus en plus connus, c’est désespérant.
Quel est votre ressenti après avoir travailler sur cette pièce ?
On était inquiets de la réception du public. Est-ce que notre position délicate allait bien être transmise Je suis heureux de voir que la pièce a été bien reçue.
Je pense que c’est lié à l’humour de Pénélope Skimmer. La pièce nous a permis de faire des rencontres et échanger avec des associations comme Equipop.org .
C’est agréable de voir que beaucoup de personnes luttent.
Pour réserver et avoir plus d’informations sur la pièce, n’hésitez pas à faire un tour sur le site du Théâtre de Belleville.
