Mais concrètement, c’est quoi le patriarcat ? 🤔

Mais concrètement, c’est quoi le patriarcat ? 🤔

“Mais concrètement, c’est quoi le patriarcat ?” C’est la question qu’on peut se poser après avoir vu ou entendu ce mot un peu partout.

Que ce soit au cinéma, comme avec le film Barbie, sur les pancartes des manifestations féministes, ou encore au cours d’un dîner familial (un peu trop) passionné.

Pourtant, bien que certains aient du mal à en donner une définition précise, chacun de nous est touché, d’une manière ou d’une autre, par ce système.

C’est pourquoi c’est une bonne chose de vouloir comprendre ses origines et surtout les raisons pour lesquelles il continue de façonner nos vies aujourd’hui. On y va ?

Alors qu’est-ce que le Patriarcat ?

Bon on commence par la théorie.

Le patriarcat désigne un système social dans lequel les hommes (cis) détiennent la majorité du pouvoir. Ce mot provient du grec ancien, où “patriarches” qui signifie le “chef de famille”.

Historiquement, ce mot renvoyait à l’idée que le père (ou l’homme le plus âgé de la famille) était responsable de tous les membres de son foyer. Exerçant ainsi un contrôle total sur les décisions.

Cette domination masculine s’étend à toutes les sphères de la société (contrairement au matriarcat qui ne dépasse que rarement le cadre familial).

Dans un patriarcat, les normes et les structures sociales favorisent donc les hommes en créant des inégalités systématiques entre les genres. Souvent au détriment des femmes et des minorités de genre (personnes trans, non binaires ect…).

Mais il ne se contente pas de les privilégier. Il leur impose aussi des normes de genre rigides qui dictent les rôles attendus des hommes et des femmes.

Ces normes renforcent l’idée que les hommes doivent être forts, rationnels, et autoritaires, tandis que les femmes sont cantonnées à des rôles de soumission, de soins, et de passivité.

Origines et évolution du patriarcat

Le patriarcat ne s’est pas imposé du jour au lendemain. Ses origines et racines remontent à plusieurs millénaires. Elles sont étroitement liées aux évolutions des sociétés humaines.

Contrairement au mythe qui a encore la vie dure, notamment chez certains youtubeurs masculinistes, non, les femmes n’étaient pas seulement cantonnées à la cueillette.

Et non, les hommes n’étaient pas les seuls à se consacrer à la chasse.

Une étude parue le 28 juin dans plos one le démontre clairement.

Cette recherche révèle que 70 % des expéditions de chasse menées par les femmes ont été classées comme “intentionnelles”, prouvant ainsi que les femmes jouaient un rôle actif et important dans les activités de chasse.

Bien au-delà des stéréotypes.

Et si on s’en servait pour réévaluer l’évolution du patriarcat ?

Plutôt que d’être un modèle social inhérent aux sociétés humaines dès leurs débuts, le patriarcat semble avoir émergé progressivement.

Notamment avec l’établissement de sociétés plus sédentaires, la montée de la propriété privée et du capitalisme.

Avec l’essor de l’agriculture, la gestion des terres et des ressources est devenue une priorité. Les hommes, souvent responsables de la défense du territoire et de la gestion des échanges, ont progressivement monopolisé le pouvoir économique et politique.

Cette concentration du pouvoir masculin a conduit à l’institutionnalisation de normes et de structures qui ont renforcé la domination masculine.

Marquant le début d’une longue histoire de patriarcat.

À mesure que les sociétés se sont structurées autour de l’accumulation des ressources et de la défense des territoires, les rôles de genre se sont durcis.

Les hommes ont pris le contrôle des domaines publics et les femmes/minorités de genre on été de plus en plus confinées à la sphère domestique.

Là où elles avaient autrefois un rôle actif et visible dans la survie du groupe, elles ont été reléguées à des rôles plus invisibles, moins reconnus, et plus confinés à l’intérieur des foyers.

Cette transition a marqué le début d’une inégalité systémique entre les hommes et les femmes.
Jetant les bases du patriarcat tel que nous le connaissons aujourd’hui.

L’évolution du patriarcat jusqu’à aujourd’hui

Au fil du temps, le patriarcat s’est renforcé et institutionnalisé.

On peut remonter aux sociétés anciennes, comme celles de la Grèce et de Rome, les lois et les coutumes renforçaient le contrôle des hommes sur les femmes/minorités de genre.

Tant au sein de la famille que dans la société en général.

Les femmes/minorités de genre étaient alors privées de droits fondamentaux, comme celui de posséder des biens ou de participer aux décisions politiques.

Avec le développement des grandes religions monothéistes, le patriarcat a trouvé de nouveaux fondements idéologiques.

Les textes religieux et les traditions ont souvent été interprétés de manière à justifier la domination masculine.

Avec l’idée que l’ordre naturel des choses était celui d’une hiérarchie où les hommes occupaient le sommet.

Le patriarcat et les révolutions sociales

Malgré la solidité de ces structures patriarcales, elles n’ont jamais été totalement incontestées.

Au cours des siècles, des mouvements de résistance ont émergé, majoritairement portés par des femmes/minorités de genre et des personnes racisées.

La Révolution française, par exemple, a vu l’émergence de revendications pour l’égalité des droits, bien que ces revendications aient souvent été ignorées ou réprimées par les autorités patriarcales.

Le XIXe et le XXe siècle ont marqué des tournants significatifs dans l’évolution du patriarcat, notamment avec l’émergence des mouvements féministes.

Les Mouvements Féministes

Les mouvements féministes ont été à l’avant-garde de la critique du patriarcat.

Depuis le début du XXe siècle, et particulièrement avec la montée du féminisme dans les années 1960 et 1970, les féministes ont dénoncé le patriarcat comme un système d’oppression qui subordonne les femmes et les minorités de genre tout en conférant des privilèges aux hommes.

Ces mouvements ont mis en lumière les inégalités systématiques dans des domaines tels que le travail, la politique, l’éducation, et la vie domestique.

Les premières vagues du féminisme ont combattu pour des droits civiques fondamentaux, comme le droit de vote, le droit à l’éducation, ou encore l’accès à des emplois rémunérés.

Le patriarcat, bien que toujours présent, a dû s’adapter à ces changements et à la montée des revendications pour l’égalité.

L’approche intersectionnelle, développée par l’américaine Kimberlé Crenshaw dans les années 1990, a élargi la critique du patriarcat.

En soulignant notamment que les expériences de genre sont également influencées par d’autres facteurs tels que la race, la classe sociale, la sexualité, et l’identité de genre.

Cette perspective montre que le patriarcat ne touche pas toutes les femmes de la même manière et que les solutions doivent tenir compte de cette complexité.

Les perceptions modernes du patriarcat incluent également une réévaluation de la masculinité. De plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer les attentes rigides imposées aux hommes par les normes patriarcales.

Ces critiques soulignent que le patriarcat impose aux hommes des rôles qui peuvent également leur être être nuisibles.

En les poussant à réprimer leurs émotions, à éviter de demander de l’aide, et à se conformer à des idéaux de force et de dominance.

Les discussions autour de la masculinité toxique cherchent à encourager une vision plus nuancée et plus saine de ce que signifie être un homme.

En permettant une plus grande liberté d’expression émotionnelle et une redéfinition des rôles de genre.

Les conséquences sociales et psychologiques

Le patriarcat, en tant que système de domination masculine, a des répercussions profondes et étendues sur la société.

Ses effets se manifestent dans presque tous les aspects de la vie quotidienne. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces inégalités et injustices ne touchent pas seulement les femmes ou les minorités de genre… Mais bien tout le monde.

La preuve en quelques chiffres du dernier rapport annuel 2024 sur l’état du sexisme en France, publié par le Haut Conseil à l’Égalité :

Cependant, le patriarcat n’est pas universellement reconnu comme un problème.

Certains groupes anti-féministes et masculinistes rejettent l’idée même que le patriarcat existe ou qu’il soit nuisible.

Ces groupes soutiennent que les hommes sont en fait désavantagés par des systèmes sociaux contemporains.
Comme les politiques de diversité et d’inclusion, ou les lois contre la violence domestique qu’ils estiment biaisées.

Ces critiques avancent souvent l’idée que les mouvements féministes ont renversé les rôles de pouvoir, plaçant les hommes en position d’infériorité.

Même si données et étudent montrent que les inégalités de genre persistent en faveur des hommes, elle trouve un écho chez certains individus, qui ressentent une perte de statut ou de privilège dans un monde de plus en plus égalitaire.

L’Influence des réseaux sociaux et des médias sur le patriarcat aujourd’hui

Les réseaux sociaux et les médias jouent un rôle majeur dans la façon dont le patriarcat est perçu et discuté aujourd’hui.

D’une part, ils permettent aux mouvements féministes et aux critiques du patriarcat de diffuser leurs idées largement et rapidement, mobilisant des milliers de personnes autour de causes communes.

Des hashtags comme #MeToo ont permis de mettre en lumière l’ampleur des violences sexuelles et du harcèlement, dénonçant directement les dynamiques patriarcales.

HOLLYWOOD, CALIFORNIA – NOVEMBER 10: Activists participate in the 2018 #MeToo March on November 10, 2018 in Hollywood, California. (Photo by Sarah Morris/Getty Images)

D’autre part, les mêmes plateformes sont utilisées par ceux qui s’opposent à ces critiques, créant des espaces où les idées masculinistes et anti-féministes peuvent prospérer.

Les algorithmes des réseaux sociaux, qui favorisent souvent le contenu controversé, contribuent à polariser les débats, rendant la discussion sur le patriarcat de plus en plus conflictuelle.

Vers une société post-patriarcale ?

Qu’est-ce que ça veut dire envisager un monde au-delà du patriarcat ?

Une perspective post-patriarcale cherche à imaginer des structures sociales qui ne seraient plus basées sur des hiérarchies de genre.

Les discussions sur le patriarcat incluent de plus en plus des réflexions sur la manière de construire une société où le pouvoir est partagé de manière équitable entre tous les genres.

Une société où les rôles de genre sont fluides, inclusifs et où chacun a la possibilité de s’épanouir sans être limité par des stéréotypes ou des normes oppressives.

Et ça on l’attend encore plus impatiemment que… La suite du film de Barbie tiens !