L’absence de diversité dans les livres, où sont les personnages noir.e.s ?
Le manque de représentation se reflète aussi dans les livres de jeunesse, les librairies et maisons d’édition refusent de mettre en avant une diversité bien présente en France. Cette invisibilisation est volontaire et empêche les lecteur.rices racisé.es de voir d’autres formes de représentation dans les livres.
Étant une grande lectrice de tout genre de livres (BD, mangas, romans), j’ai rarement vu de personnages qui me ressemblent, des personnages noir.e.s dans le rayon jeunesse et écrit par des auteurs français.
Je pense à Marie-Aude Murail, qui écrit des livres de jeunesse et dans ses récits, il existe une diversité dans les personnages qu’elle construit. Sauveur & Fils, où le personnage principal est un psychologue antillais et dans mes souvenirs, l’autrice n’a pas construit ce personnage sur des préjugés.
Quasiment pas de personnages noir.e.s dans les grandes libraires
Un Tiktok dénonce le manque de personnages noir.e.s dans le rayon jeunesse de la Fnac, ces jeunes filles parcourent le rayon et ne trouve qu’une seule histoire avec un protagoniste noir.
Ce Tiktok révèle un problème fort dans la société qui est le manque de représentation des personnes racisées dans les livres.
Les commentaires sous la vidéo sont non seulement racistes et certains cherchent à expliquer ce phénomène par des logiques de marché, les personnes noires ne “seraient” pas le public cible. L’excuse de la “clientèle cible n’est pas noire” est une façon de justifier l’exclusion de ces personnages par la “loi du marché”. Même si ce lectorat racisé n’est pas la principale cible, il existe et doit être pris en considération.
Les maisons d’édition et les librairies fabriquent la demande. Dans la littérature française, il est encore rare de trouver un personnage issu des minorités, mis en premier plan et même a niveau des couvertures, il y a un effacement volontaire de ces personnages. On peut le percevoir avec les couvertures d’éditions françaises de certains livres traduits :

Aussi l’auteur célèbre de Charlie et la Chocolaterie, Roald Dahl voulait que Charlie soit un petit enfant noir, mais son agent l’en a dissuadé, car les lecteurs se demanderaient pourquoi un personnage noir est mis en avant de la sorte et qu’en plus, ce ne serait pas “vendeur” pour l’époque, à savoir que le livre est paru en 1964.
Le Manifeste d’une lectrice noire en colère d’Elodie-Aude Arnolin permet de mieux comprendre les mécanismes d’invisibilisation et de sur-représentation qui sont volontaires dans l’édition française. Même la traduction n’y échappe pas, on observe un choix politique assumé de la part de l’édition du livre français.
Quand on demande plus de représentations, on nous dit d’écrire nos propres récits avec nos propres personnages. Ces récits existent déjà, mais ils ne sont pas mis en avant et donc cantonnés au rayon “monde” et “littérature étrangère”. Ces discours montrent une logique raciste, ce n’est pas une question de goûts personnels, mais c’est une politique de représentation pour préserver l’idée d’une littérature “neutre” et donc blanche.
Dès qu’on tente de rendre visibles les voix noires, elles sont qualifiées de “militantes” ou de “communautaires”.
Voir plus de diversité dans les rayons et livres est un enjeu d’inclusion, plus de diversité permet de briser le monopole d’un imaginaire blanc.
Des auteur.rices n’ont pas attendu d’avoir des représentations, c’est ainsi que le mouvement “ownvoices” est lancé en 2015. Les auteur.rices qui écrivent des personnages faisant partie de certaines minorités, font aussi partie de ce groupe.
C’est une façon de répondre au besoin de bonnes représentations littéraires pour les adultes et surtout pour les enfants, qui ont besoin de voir des personnages fictifs leur ressemblant physiquement et culturellement.
Conclusion
Le problème n’est pas que l’absence de récits, mais surtout l’édition du livre qui est très élitiste en France.
Cette chaîne du livre invisibilise cette diversité. Tant que les maisons d’édition continueront ces schémas, le public sera nourri d’une offre biaisée et non variée.
Cela relève de la responsabilité collective de chacun de rendre visible la diversité littéraire par les personnages et dans l’édition, c’est une condition d’égalité dans un pays où la devise impose l’égalité pour tous.
