Vinted, les frippes… C’est (devenu trop) chic ?
Ces dernières années, une nouvelle tendance est apparue sur Vinted. Et elle n’a rien de fashion !
Un nouveau profil d’utilisateurs a tiré son épingle du jeu. Ils capitalisent sur ces applications de seconde main pour mener un business lucratif d’achat revente.
Si acheter sur ces plateformes permettait à certains de moins se serrer la ceinture, pour d’autres c’est devenu un moyen de se dégager un bon salaire.
Mais la différence entre capitalisation et gentrification ne tien parfois qu’à un fil…
Les débuts prometteurs de vinted
Vinted a été fondé en 2008 par des entrepreneurs lituaniens Milda Mitkute et Justas Janauskas.
Et.. The rest is history ! VInted est aujourd’hui un acteur majeur dans le monde de la mode d’occasion.
À ses débuts, la mission était clair : Contrer la surconsommation et les impacts environnementaux néfastes de l’industrie de la mode rapide.
Créer une plateforme accessible où les utilisateurs pouvaient facilement acheter, vendre et échanger des objets, mais surtout des vêtements, de seconde main.
Vive l’économie circulaire non ?
Les conséquences écologiques et sociales de l’industrie textile devient un sujet de société plus mainstream à peu près au même moment que l’emergence de Vinted.
Qui apparait commeune alternative éthique et durable.
La plateforme a également contribué à changer les perceptions sociales autour de la mode d’occasion.
Alors qu’auparavant, acheter des vêtements de seconde main pouvait être associé à une stigmatisation sociale.
Vinted a contribué à rendre cette pratique plus acceptée et même à la valoriser.
Avec sa célèbre phrase “Tu ne le portes pas vends le”.
Mais cette popularité croissante de la vente en ligne de vêtements d’occasion n’est pas sans conséquences.
Elle a suscité des critiques concernant sa contribution à la gentrification de la mode d’occasion.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’Emmaüs a repris ce fameux slogan pour leur campagne de dons, en le modifiant en “Tu ne le portes pas, donne-le”.
Pour rappel, la gentrification est définie comme le processus par lequel une pratique ou un espace auparavant associé à des communautés marginalisées ou alternatifs devient adopté et exploité par des groupes plus privilégiés ou mainstream.
vinted : un geste (faussement) écolo ?
L’impact écologique de Vinted est rapidement remis en question.
Notamment en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre dues au transport des colis.
Malgré les efforts de l’entreprise pour utiliser des emballages recyclés, le volume croissant de colis en circulation aggrave son empreinte carbone.
Car pour beaucoup aussi, l’aspect ludique et normatif de l’application incite les utilisateurs à acheter plus que nécessaire.
Contribuant à l’accentuation du problème de surconsommation, qu’il devait pourtant aider à régler.
Le serpent qui se morre la queue.
Un problème déjà plus que présent dans l’industrie textile.
Alma Dufour, chargée de campagne extraction et surconsommation chez les Amis de la Terre France souligne que :
« Vinted encourage la rotation rapide de modèles, en grande partie issus de la fast fashion, en conférant du pouvoir d’achat aux consommateurs, qui revendent facilement des produits pour en racheter d’autres »
LA GENTRIFICATION DE vinted
Et c’est dans cette brèche que s’est développé un véritable marché de la vente et de la revente sur des plateformes comme Vinted.
Un marché en plein essor, si on en croit une étude de Cross-Border Commerce Europe.
Il devrait d’ici 2030 être deux fois supérieur que celui de la fast fashion.
Si elle est une opportunité financière pour certains, elle contribue à l’exclusion d’autres.
Et bien souvent… Les plus précaires !
y a une place spéciale en Enfers pour les gens qui ont contribué à la gentrification de Vinted https://t.co/mo0Ok0sRDV
— (℮)XPLOREr 🚧 🪽🫧 (@fruitsarchives) June 29, 2023
Une hausse des prix et une baisse de qualité
L’essor des revendeurs professionnels aggrave les inégalités économiques et sociales.
Certains revendeurs professionnels peuvent choisir de proposer des produits haut de gamme. Souvent à des prix élevés avec l’envie de faire du profit avant tout.
Ces produits peuvent attirer une clientèle prête à investir davantage dans des pièces de meilleure qualité ou des marques renommées.
Mais était-ce vraiment le public cible initial de Vinted ? (Les étudiants, ceux à la recherche de bonnes affaires …)
Ce qui peut contribuer à une certaine élévation des standards sur la plateforme :
Et de l’autre côté, cela crée une dualité sur la plateforme, où certains vendeurs récupèrent les bonnes affaires pour les revendre avec une marge bénéficiaire.
Le principe même de la gentrification quoi 🥲.
Et ça se fait au détriment des acheteurs à la recherche de produits abordables et de qualité.
Plutôt dommage quand on sait qu’au départ, c’était un peu la promesse de Vinted non ?
La professionnalisation de la revente Vinted : quelle conséquence ?
Au niveau des vendeurs, une distinction se dessine entre ceux qui souhaitent vendre leurs articles occasionnellement et ceux qui disposent d’outils marketing professionnels pour optimiser leurs ventes.
Ce qui déséquilbre le marché.
Et on vous laisse deviner, au détriment de qui cette concurrence profite.
Cette évolution soulève des questions éthiques sur l’utilisation de plateformes comme Vinted.
Faut-il blâmer ceux qui ont exploité une opportunité commerciale (souvent des jeunes, voir trèèès jeunes).
Ou faut-il remettre en question le modèle économique des plateformes d’occasion d’économie circulaire… Qui pourrait être davantage durable ?
Car ne l’oublions pas, l’objectif sous-jacent de Vinted est d’encourager le plus d’échanges via sa plateforme.
Plus le prix des articles est élevé, plus la commission prélevée par la plateforme augmente.
Peut-on dire qu’ils l’ont encouragé ou du moins…
Qu’ils n’ont rien fait pour y remédier.
Ce qui pourrait être interprété comme une priorité donnée à la croissance rapide de la plateforme.
Même si cela va à l’encontre de son objectif initial de promouvoir une mode plus éthique et abordable.
Et comme au final la mode c’est nous et nos actions du quotidien.
Ne pouvons nous pas collectivement agir pour ne pas encourager ces pratiques ?
Comme par exemple…
Se demander si on a vraiment besoin d’une quinzième paire de botte noire (même si c’est sur Vinted)? 😉