On n’a pas besoin de votre white guilt, pourquoi ?

On n’a pas besoin de votre white guilt, pourquoi ?

L’image de Theodora a fait débat récemment sur X, des internautes se demandent si l’admiration autour de la chanteuse ne serait pas une nouvelle forme de white guilt. Un concept moral nourrissant la suprématie blanche et qui empêche de combattre les inégalités par des réformes au sein des institutions.

C’est quoi le white guilt ou la culpabilité blanche ?

Le white guilt est un ensemble de réactions émotionnelles, des discours et des pratiques exprimées par des personnes blanches, lorsqu’elles prennent conscience des bénéfices historiques, matériels et symboliques qu’elles tirent du système racial.

C’est un moyen de se décharger d’une culpabilité en adoptant une posture morale et non-active. Le terme est apparu dans les années 1960, dans les milieux militants afro-américains, pendant les mouvements de droits civiques.

Image de Paul Jorion

Le terme de “white guilt” est d’abord utilisé par James Baldwin comme une accusation envers les Blancs américains qui se cache derrière cette culpabilité et derrière cette honte dans son essai “The White man’s guilt”. Il est ensuite repris par Martin Luther King Jr dans ses réflexions où pour lui, la culpabilité blanche est une responsabilité nationale, donc systémique.

Le white guilt sert la suprématie blanche et non les personnes racisé.es.

Il pousse à adopter des comportements qui mettent au centre les personnes blanches dans leurs réactions et non l’oppression des personnes racisé.es, ce qui ne les pousse pas à réaliser d’actions concrètes pour apporter un changement au sein de nos institutions. Cette notion a fait surface sur le X (ex-Twitter) francophone avec l’image de Theodora débattue suite à sa récente apparition dans une vidéo de la youtubeuse Maghla.

Une forme de white guilt dans la perception de Theodora 

Récemment, sur X (ex-Twitter), des internautes se sont posé la question sur la perception d’une partie du public blanc de la chanteuse Théodora, se demandant si ce public qui l’écoute et l’admire ne le ferait pas dans la mesure d’un white guilt.

Tout part d’un tweet sur l’interview de Theodora par la youtubeuse Maghla. Elle répond à un tweet où elle exprime une admiration teintée de superlatifs et surjouée. C’est le point de départ du débat.

Certaines personnes y ont vu de la performativité dans la façon dont Theodora est autant mise en avant et célébrée par un public blanc, comme si c’était une manière de montrer qu’ils savent célébrer une artiste noire sans se montrer racistes.
A contrario, d’autres sont plutôt étonnés de voir ce réflexe reprenant des codes genrés et raciaux, le fait qu’une femme noire talentueuse reçoit beaucoup d’attention sans mésaventures mysogynoirs comme celle d’Ebony ou d’Aya Nakamura, pousse à remettre en question cette reconnaissance.

Le white guilt nourrit la perception des artistes noires

Cependant, ce qui doit nous interpeller, c’est la perception des artistes noires quasi-systématique par un public majoritairement blanc.

Leur perception dépend du public majoritaire détenant le pouvoir d’achat culturel, des espaces médiatiques et de la visibilité.

C’est une charge supplémentaire qui s’ajoute, celle de devoir anticiper ce regard, voire même de devoir s’en protéger, ce qui est déshumanisant pour les artistes noires, n’ayant jamais de répit pour se faire une place sur la scène française.

L’exemple de Theodora en est un parmi tant d’autres, si l’on se penche sur l’été 2020, avec la mort de George Floyd, des millions d’internautes ont partagés un carré noir sur Instagram, des citations d’activistes noirs américains, annoncés des dons à des associations ou affichés leur solidarité avec le mouvement Black Lives Matter.

Image de Skysports

Cela peut se traduire par un élan de solidarité et de sincérité, mais c’est surtout un processus collectif de réassurance morale, comme l’expliquait Martin Luther King Jr., il y a cette responsabilité morale collective que toutes les personnes blanches se partagent sans questionnement.

Ici, l’image de son rapport au racisme est gérée pour son image personnelle.

Par ce genre d’actes, les individus sont encouragés à porter un fardeau moral, mais pas à s’attaquer à la société.

Il faut des réformes sur les institutions, des actions légales et éducatives, puisque les structures économiques, politiques et culturelles qui produisent le racisme sont encore intactes et répètent des schémas racistes et coloniaux.

La culpabilité blanche fait reconnaître l’injustice sans la combattre réellement et produit des discours et une prise de conscience, mais pas de changement apparent. Il serait temps d’agir au lieu de penser.

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